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« Jeunes issus de l’immigration » et « Belges »
Dans les « quartiers » (difficiles) de la capitale, entre les Belges de souche et les jeunes issus de l’immigration, les stéréotypes restent fortement ancrés. Il en résulte beaucoup d’hostilité et de méfiance. De la rencontre et du dialogue peut naître la tolérance.
Ce jour-là, Catherine, 50 ans, sort de son lieu de travail,
à Etterbeek. C’est l’été et elle porte un débardeur, des
sandales et une jupe. Quand elle passe devant un petit
groupe de jeunes, l’un d’entre eux lui lance : « Sale
pute ! » Interloquée, Catherine ne répond rien, mais cet
incident la met dans une colère noire.
Géraldine, 23 ans, a connu le même genre de situation à Louvain-la-Neuve. « Au début, ils m’ont accostée, et je les ai gentiment
remballés. Ensuite, ils ont insisté. Là je leur ai carrément dit de
se taire. Alors ils m’ont insultée. Je me rappelle à quel point j’étais
furieuse. »
Les témoignages de femmes, jeunes ou moins jeunes, victimes
de violences verbales de la part de jeunes immigrés de la seconde
génération, sont fréquents. Ces petites remarques, insultes ou dragues
à deux balles peuvent parfois être mal vécues, surtout quand
elles sont récurrentes. Elles donnent lieu à beaucoup de colère et à
un fort sentiment d’insécurité. Dans ce climat d’incompréhension,
le risque de faire des amalgames est grand. Et la manière juste de
réagir à de telles situations est loin d’être évidente, car cette attitude
hostile peut être le reflet d’un profond malaise chez certains
jeunes.
Entre fascination et rejet
Ali Boulayoun, coordinateur de la Maison des jeunes de Forest,
connaît bien les adolescents de ce quartier bruxellois et leurs difficultés quotidiennes. Il rappelle avec insistance que « généralement,
les jeunes les plus visibles sont les plus problématiques ». Nous ne
parlons donc ici que d’une minorité de jeunes.
Pour Ali, leur comportement agressif vis-à-vis de certaines femmes vient soit de la fascination, soit du rejet. En effet, « tout ce qu’on
ne connaît pas fascine. Et depuis le début des années 2000, nous
sommes complètement perdus nous-mêmes. En termes d’identité,
les jeunes, ici, sont à côté de la plaque. Ils ne savent généralement
pas bien qui ils sont. Quelques-uns se trouvent dans une réelle
détresse. Ils sont enfermés dans une culture de l’échec. Certains
ont très peu de bagages, pas de formation, pas de perspectives
d’emploi, ils sont en difficulté avec leur famille et avec la justice…
Ils n’arrivent plus à s’en sortir. »
Une des façons de réagir est alors de rejeter ce qu’on ne connaît
pas ou mal, et de se refermer sur ce que l’on considère comme un
modèle. « Certains jeunes sont assez refermés sur eux-mêmes dans
ces quartiers. Et assez racistes, parce que c’est l’image qu’eux-mêmes
ont du Belge. Le Belge, ils ne le rencontrent pas, parce qu’ils
ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. » Ali explique que
« le Belge qu’ils ont rencontré, c’est généralement le professeur ou
le policier. Le professeur qui mettait de mauvaises notes, car cela
se passait mal à l’école. Ou le policier, qui le contrôle régulièrement. »
(...)