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La vie des Indiens de la communauté de Sarayaku aurait pu être un long fleuve tranquille, s’ils ne vivaient pas sur une nappe de pétrole. Voici 30 ans que la communauté croise le fer avec les compagnies pétrolières. L’été dernier, la justice leur a donné raison.
Un petit avion se pose sur la piste de terre battue de
Sarayaku, un village indigène de 1.200 âmes, perdu
au milieu de l’Amazonie équatorienne. L’appareil à
peine immobilisé, deux hommes sortent de l’habitacle.
Le premier est fonctionnaire au ministère des
Mines, il représente le gouvernement équatorien. Le
second est un agent d’Arco-Agip, une compagnie pétrolière italienne
qui vient d’obtenir la concession du « bloc 23 », un périmètre
désormais ouvert au forage pétrolier situé sur le territoire
des Indiens Kichwa de Sarayaku. Les deux hommes sont venus
convaincre le village d’ouvrir ses terres aux prospecteurs. Le fonctionnaire
des mines évoque un monde meilleur, avec des écoles
équipées pour les enfants, des emplois bien rémunérés pour les
pères de famille, des maisons neuves pour tous. Le second exhibe
un chèque de 6.000 dollars, une somme énorme pour les Indiens.
La conversation s’engage, s’anime, puis le ton monte, les hommes
se font engueuler puis reconduire, sous les invectives, jusqu’à leur
avion.
C’était en 1989. « J’avais dix ans à l’époque, se souvient Hernán Malaver, 33 ans, paysan et bénévole au Conseil de la communauté
de Sarayaku. Ils voulaient installer un puits de pétrole
dans notre zone de chasse. Mais au village, on avait déjà entendu
parler de ce qui était arrivé à nos frères du Nord avec Texaco. On
savait qu’un peuple, les Tetetes, avait disparu suite à leur acculturation.
Pour nous, il n’était pas question de laisser les pétroliers
s’installer chez nous. »
(...)