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« Un anéantissement
biologique. » C’est sur cette
nouvelle confirmation
d’une extinction de masse
des espèces en cours, mise
en lumière par un collectif
international de chercheurs,
que s’est ouvert l’été.
Peu de temps auparavant, une
autre équipe de scientifiques
y est allée d’une mise en
garde tout aussi inquiétante
: aujourd’hui, un tiers de
l’humanité est déjà exposé
à des vagues de chaleur
potentiellement mortelles,
et les trois quarts pourraient
l’être d’ici la fin du siècle. Deux
études suivies par l’annonce
du détachement d’un iceberg
géant en Antarctique…
Les nouvelles de la
dégradation de notre
écosystème Terre ne cessent de
se multiplier, correspondant
bien souvent aux prédictions
passées les plus sombres :
élévation du niveau des
océans, multiplication des
catastrophes naturelles,
déforestation massive...
Devant de tels constats
planétaires et irréversibles,
certains ont cessé de croire
qu’il était encore possible
de faire machine arrière. Ils
veulent faire face, s’adapter,
se préparer à l’effondrement
pur et simple de notre
civilisation industrielle. Dès
maintenant.
Mais comment vivre avec
cette idée d’effondrement ?
Qu’en faire, qu’en dire ?
Imagine est allé à la
rencontre de ceux qui, dans
leur vie quotidienne ou
professionnelle, cherchent
des réponses face au déclin
annoncé.
J’étais adolescent lors de la parution
du rapport Meadows [1]… J’ai rencontré
les premiers écolos à l’occasion
du mouvement antimissiles du début
des années 80, et j’étais sensibilisé
à la question écologique comme on l’était à l’époque, avec l’idée
qu’on empruntait la Terre à nos enfants, et qu’il fallait en prendre
soin. Mais le sentiment d’urgence n’était pas présent. Je me demande
comment nos générations sont passées à ce point à côté de
ce rapport Meadows, comment il n’y a eu aucune transmission de
l’aspect urgent des mesures à prendre… »
Pour Paul, cette conscience a progressé petit à petit, au fil de
ses lectures. Jusqu’à la découverte du livre de Pablo Servigne et
Raphaël Stevens, Comment tout peu s’effondrer, véritable phénomène
éditorial [2], qui lui a permis « d’assembler tous les morceaux
du puzzle » : « Je savais bien que notre consommation énergétique
était énorme, explique ce militant actif dans une coopérative
éolienne, mais là, je me suis rendu compte combien c’était aussi
beaucoup trop pour notre planète. »
Avant cela, l’écologiste se sentait déjà un peu marginal face au
discours « développement durable » trop positiviste à ses yeux.
« Et puis une fois que l’on prend la mesure de la question de la finitude
des ressources par rapport à notre consommation effrénée
d’énergie, de celle de la chute de la biodiversité, les relations avec
les autres se compliquent... »
Paul a pris le parti d’évoquer son point de vue seulement lorsqu’il
sent que son interlocuteur est disposé à l’entendre. « Je ne
vais pas aborder cette thématique de ma propre initiative. Les
émotions à ce sujet peuvent être extrêmement fortes et ce n’est
pas simple. C’est un chemin à suivre à la fois personnel et collectif.
Moi, j’en suis à l’étape où j’ai accepté la réalité et où je base mon
équilibre sur le fait que je n’ai pas la capacité d’imaginer quelle
sera notre résilience quand nous serons plus nombreux à être
conscients. Un vrai changement viendra lorsque le nombre de personnes
lucides sera plus grand. »
Pour aider d’autres à s’informer, Paul a cocréé un site et un
groupe informel, Construire un déclin [3]. « Cela doit rester un outil
léger, de partage, il n’y a aucun intérêt à être donneur de leçons, à
enfoncer le clou de manière forcée, sous peine de renforcer le déni.
En même temps, nous sommes dans l’urgence… »
« Pour moi il n’y a pas de doute, nous devons faire le deuil de (...)
=> Lire l’intégralité de ce dossier de 12 pages dans notre magazine.
Photo : A Film / Les bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin.
[1] Halte à la croissance, rapport commandé à une équipe du Massachusetts Institute of Technology par le Club de Rome, publié en 1972, qui sonnait déjà l’alerte sur les dangers que fait courir à notre planète la croissance économique et démographique.
[2] Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Seuil, 2015. Cet ouvrage qui s’inspire du mot latin « collapsus », « d’un seul bloc », est une implacable et rigoureuse analyse de cet effondrement annoncé.
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