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Dossier
Face à une classe politique décriée, à la puissance des lobbies
et à l’arrivée au pouvoir de populistes, nos démocraties
représentatives sont malmenées, et paraissent de moins en
moins adaptées aux défis à venir. Certains font entendre
leur voix par la manifestation, la négociation ou le plaidoyer.
D’autres se placent plutôt du côté du concret et construisent
des alternatives. Mais pour une dernière catégorie de citoyens,
il n’y pas d’accommodements possibles face à l’urgence et à
l’importance de leur cause – le changement climatique, l’accueil
des migrants, le nucléaire, la guerre… –, ils décident donc de
désobéir à la loi pour la dénoncer. Et reprendre le pouvoir sur le
fatalisme et l’inaction.
Ces activistes pénètrent sur un site nucléaire, occupent un
bâtiment vide pour loger des personnes sans abri, refusent
d’accomplir leur service militaire obligatoire, viennent en
aide aux réfugiés ou participent à une manifestation non
autorisée. Ils ont décidé de dire « non », ils passent à l’action.
En ce 50e anniversaire de Mai 68, Imagine est allé à la
rencontre de ces désobéissants politiquement aguerris, joyeux
ou radicaux.
Pourquoi désobéir en démocratie ? Pourquoi s’opposer activement à une loi, non pas juste en la dénonçant, mais en posant un acte illégal ? La loi n’a-t-elle pas été votée par les représentants du peuple, donc par la majorité ? Comment serait légitime celui qui, volontairement, enfreint cette loi ? La désobéissance politique ne remet-elle pas en cause le principe démocratique ?
Depuis ses origines, notre système politique
prétendument représentatif se bat avec ces
questions. De Platon à Habermas en passant
par Hannah Arendt, bien des philosophes
ont exploré le sujet. De ces visions diverses
se dégagent trois types de discours, selon
Manuel Cervera-Marzal, sociologue et chercheur
à l’EHESS [1].
Un discours « conservateur », selon lequel la
désobéissance est synonyme d’anarchie et
de désordre, « parce que si chacun est libre
de désobéir à une loi au seul motif qu’il la juge
injuste, alors il n’y a plus de vivre ensemble
possible ».
Un discours « libéral », qui perçoit la désobéissance comme un moyen de corriger les éventuels dysfonctionnements de la démocratie et de faire converger la réalité avec l’idéal. « Dans ce cas, la désobéissance doit s’exprimer à petite dose, sous conditions : sans violence, en acceptant d’aller en prison ensuite, etc. ».
Et, enfin, un discours « désobéissant », porté par des figures comme Gandhi ou Martin Luther King, pour lesquelles la désobéissance n’est pas simplement un « correctif », mais bien le souffle vital de la démocratie, absolument nécessaire pour que celle-ci se perpétue, dans un mouvement permanent. « Pour les partisans de la désobéissance, c’est en se mettant hors la loi qu’on fait progresser la loi, elle ne doit donc pas rester figée », précise le chercheur.
De Thoreau aux objecteurs de conscience
La notion de désobéissance civile est principalement venue des Etats-Unis, au 19e siècle, « à l’époque où la démocratie essaie de se réinventer sur le sol américain — à partir de ses sources européennes », écrivent Sandra Laugier et Albert Ogien dans Pourquoi désobéir en démocratie.
Pour les précurseurs du mouvement, les philosophes Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson, nous avons non seulement le droit mais aussi le devoir de désobéir face à (...)
=> Lire l’intégralité de ce dossier de 12 pages dans notre magazine.
Jérôme Peraya/Collectif Krasnyi
[1] Auteur de Les nouveaux désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ?, Le Bord de l’eau, 2016.
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